Etape 2 - Angkor - Le temple Ta Prohm envahi par ses fromagers
Mercredi 31 janvier 2018. Commencer la visite des temples d'Angkor par le Ta Prohm***, c'est comme commencer le repas par le dessert... Mais c'est à ce prix, et seulement à ce prix, en faisant le circuit court à l'envers que j'éviterai la cohue des touristes chinois. Va donc pour le Ta Prohm !

Car si Angkor Wat est un concentré de beauté, de sérénité et d'harmonie, et le Bayon, un univers presque mystique, le Ta Prohm***, encore prisonnier de sa gangue de fromagers et de frangipaniers, enserré dans la jungle, est lieu romantique et magique par excellence.

Car visiter le Ta Prohm***, encore prisonnier par la jungle, c'est comme ressentir l'émotion des premiers explorateurs quand ils ont redécouvert les ruines d'Angkor. C'est bien ce sentiment qui m'habite quand je franchis pour la première fois les portes de ce temple. Marcher dans les pas des premiers archéologues du site et réaliser enfin un de mes plus vieux rêves d'enfant.

Car plus que les tours majestueuses d'Angkor Wat ou les visages mystérieux de Bayon, ce sont toujours ces arbres géants aux racines noueuses et envahissantes grimpant les murs de ce temple qui me viennent tout d'abord à l'esprit à l'évocation des temples d'Angkor. La puissance de la nature conjuguée au mysticisme de l'homme. Tel est le secret du Ta Prohm***.

Au fur et à mesure de ma visite des temples, je vais essayer de glisser ça et là quelques notions de bases historiques pour mieux comprendre les temples qui se dresent devant moi. Il me faut donc remonter aux origines d'Angkor, cette glorieuse capitale de l'empire Khmer qui fut fondée au IXe siècle et perdura pendant plus de 500 ans, jusqu'à son déclin, au XIVe siècle.

C'est donc en 889 que le roi Yasovarman 1er, héritier des royaumes de Funan et de Chenla, fonde une capitale qui porte son nom... Pas vraiment du goût des Khmers, qui plus commodément vont appeler la ville par le nom d'Angkor, qui, en langue khmère, veut tout simplement dire "capitale".

Mes premiers bas-reliefs. Je reste abasourdi par tant de grâce et de beauté qui se dégagent de ces corps sensuels. Tellement abasourdi que j'en perds le fil de mon histoire. Bon, je m'y colle, le site d'Angkor fut choisi pour sa proximité du grand lac Tonlé Sap, mais aussi pour ses collines, sa rivière Siem Reap et ses plaines fertiles permettant la culture du riz.

Le roi, dévot de Shiva, avait besoin d'une montagne sacrée pour y créer sa capitale (le mon Meru de la légende hindoue) et y installer les dieux. Et pour un coup d'essai, Yasovarman réussit un coup de maître puisque le choix de ce lieu ne sera jamais contesté par tous ses successeurs. Angkor était un lieu idéalement placé, capable de garantir la prospérité et l'invulnérabilité du royaume Khmer.

Après un court épisode de déménagement à Koh Ser, entre 921 et 944, pour une sombre histoire de partition du royaume entre les successeurs de Yasovarman 1er, Angkor redevient très vite la capitale des Khmers. Grâce notamment à l'oeuvre de Rajendravarman II qui rétablit l'unité du royaume.

Plus de 100 ans plus tard, et après une période de troubles et de guerre, et seulement cinq ans après son avénement, le grand roi Javayarman VII, décide de faire construire, en 1186, le temple Ta Prohm***.

Le Ta Prohm*** devint ainsi l'un des plus giganesques temples du site d'Angkor. Difficile d'imaginer aujourd'hui, mais il y a huit siècles de ça, ce "monastère du roi" abritait 260 divinités, servies par 12.640 personnes. Et tous vivaient dans l'enceinte du temple, dans les 60 ha de cette ville dans la ville !




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